La crème de lait bouilli, recette oubliée reste incroyablement présente dans la mémoire de celles ou ceux qui l’ont connue.
Personnellement, je l’avais classé dans les choses infâmes. Ça logeait au fond du frigo dans une petite tasse bleue magique dont j’aimais énormément la couleur. Était-ce pour nous faire oublier sa vilaine texture qu’elle était dans cette tasse ou tout simplement parce que cette tasse représentait l’exacte mesure de ce qui était nécessaire pour la plupart des recettes où elle était utilisée ?
Un jour, les vaches disparurent du village et avec elles, lait frais, lait caillé, faisselle et crème de lait bouilli. Ce ne fut pas une grande perte pour moi. Enfin, il n’y avait plus ce truc ignoble au fond du frigo. Par contre j’aimais vraiment bien le bleu de la tasse et les vaches dans la prairie.
Et puis d’autres choses disparurent encore, les tuiles, les gaufrettes à la cannelle et le gâteau à l’orange. Il y en avait certes de temps en temps mais bizarrement, ça n’avait plus le même goût. Et c’est à ce moment précis que j’ai réalisé que la faute à tout ça, c’est parce que la crème n’existait plus….. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé…. C’est quand ça disparaît qu’on se rend compte de la valeur des êtres ou des choses…
Auparavant, on allait chercher le lait tous les jours à la ferme. C’était rigolo, on arrivait dans une étable ou on prenait en pleine figure la chaleur des animaux mais aussi leur odeur. Ma cousine était assis sur un petit banc et trayait consciencieusement les vaches. Une fois le lait tiré, elle jetait le tout dans un grand bac. C’était chaud, ca fumait, ca sentait bon (si, si je vous assure), c’était beau ce blanc…. Puis avec une mesure louche (n’allait pas croire qu’elle était malhonnête hein ! je veux dire avec une louche qui servait de mesure…. mais je connais pas le nom), elle remplissait notre petit pot de lait.
Heureux et guillerets, nous repartions à la maison tout en testant les lois de l’apesanteur. Oui, oui, on prenait le pot de lait par le manche, on enlevait le couvercle pour mieux voir et hop, d’un tour de bras, on faisait tournoyer le lait à grande vitesse. Il s’accrochait aux parois et ne tombait pas. Au milieu, il y avait un grand trou, l’œil du cyclone…. Non, ce n’est pas ça le lait tourné. Ca c’est du lait normal qui arrivera normal si on lâche pas le manche….
Évidemment, notre mère ignorait tout de nos petits jeux. Arrivés à la maison et en sifflotant, nous lui remettions ce nectar. Elle s’empressait de déposer le précieux liquide dans une casserole afin qu’il ne tourne pas (Ah, si elle avait su !). Puis une fois froid, elle prélevait la crème qui remontait au dessus pour la mettre dans la jolie petite tasse bleue.
Quand elle était pleine, soit tous les dimanches, on avait droit au gâteau à l’orange et de temps en temps aux gaufrettes et aux tuiles.
Aujourd’hui, je fais de nouveau ce gâteau à l’orange mais sans crème de lait bouilli car pour avoir du lait frais, je dois parcourir 10 km et 10 km tous les jours pour remplir ma petite tasse bleue, c’est beaucoup.
Traces de blogueuses :
brigitte dit
Cathy dit
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Nous avions le même pot à lait, j’adorais moi aussi la crème de lait bouilli que je mangeais avec du succre, à la petite cuiller ! |
Choupette dit
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Plein de souvenirs me reviennent! Moi aussi Maman gardait la crème du lait que nous allions chercher à la ferme, et une ferme dans une petite ville, oui, oui! Puis un jour terminé! plus de vaches ni de ferme, plus de lait frais que j’allais chercher dans le pot à lait comme toi mais que je ne faisais pas tourner! |
Mijo dit
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Même pots à lait chez moi. |
tatyval71 dit
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En lisant ton article plein de souvenir d’enfance sont revenue, quand j’allais en vacance chez ma tante qui était agricultrice, moi j’adorais la crème de lait bouillie et je la mangeais sans rien, j’attendais que mon bol de lait refroidisse pour pouvoir la dévorer et les gâteaux à la crème aussi j’ai connu et plein d’autres choses , merci de m’avoir permis un retour en arrière de 25 ans au moins.Bonne journée. |
mercotte dit
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Hihi, faire tourner le pot à lait moi aussi j’ai connu ça tout pareil, ça fait drôle de le revivre, et moi aussi je détestais la crème sur le lait ! comme quoi on change!
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rosine dit
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Chez moi aussi, il arrivait que ma mère conserve la crème ( plutôt la peau d’ailleurs ) du lait mais on n’avait pas de frigo, alors elle la mettait à l’entrée de la cave et quand la tasse était pleine, elle faisait de petits biscuits.
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mamina dit
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Tu me rendrais la crème de lait sympathique,je ne l’aurais pas crû… |
Fabienne dit
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Ah, que c’est divin de se replonger dans son enfance |
Catherine dit
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Après quelques jours d’absence, je vois que tu n’as pas perdu le goût du « bon vieux temps »… cette petite crème de lait bouilli et histoire de pot au lait me rappelle les pots de crème tout droit sortis de la ferme du coin de la rue… tu sais, cette crème toute liquide à l’odeur si … fermière !!! (que l’on mélangeait sans complexe au fromage blanc à peine égoutté )!!! |
Gracianne dit
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J’aime bien ton histoire, ca me ramene aussi a la ferme de mon village et cette odeur chaude et ecoeurante de lait et de fumier. Mon pot etait rectangulaire, c’etait une ancienne gamelle en alu. J’aimais aller chercher le lait, mais j’ai toujours deteste en boire. |
Brigitte dit |
j’ai gardé la tasse de ma grand mère et figure toi qu’ici en Guyane il y a des vaches et des fermes et donc je vais reremplir la tasse !.. Le pot au lait, ça va être plus compliqué |
cb22 dit
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C’est vrai que ça rappelle quelques souvenirs… Je reviens de chez mon oncle et ma tante, anciens agriculteurs, mon cousin a repris leur ferme…. Et devinez quoi ? j’ai ramené 2 l de lait que j’ai vu trait sous mes yeux… Je sais qu’il faut le faire bouillir, mais je ne sais pas trop combien de tps, ni quoi faire pour éviter qu’il ne déborde… Je vais essayer ! |
nini78 dit
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salut, Et bien moi j ai de la chance car je vais cherché 3 l de lait un peu près tous les3 jours. J ai la chance d habité a la campagne et de connaitre (plutot mon ami) un fermier qui a plein de vaches,des poules et autres divers animaux. Il ne le fait pas pour tous le monde mai comme la grand mere de mon ami allait chercher du lait depuis des dizaine et des dizaine d années, on a voulut continuer car c est super bon et ma fille de 4 ans ce régal aussi.La creme je l utilise de tps en tps pour faire du beurre ( quand je réussi) bisous. le village s appel Arcais 79210 et moi je vi a St Hilaire La Palud. |
sylvie dit
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merci pour ces bons souvenirs:j’allais chercher le lait à la ferme qui se trouvait près de chez moi et je me souviens que nous demandions 1 « pinte » de lait (= 1 louche) :expression du nord ???? peut -être |
MarieT dit
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La pinte est en fait une ancienne mesure qui équivaut à un peu moins d’1 litre (variable selon les régions). A mon avis ça correspond à la capacité de la louche à lait. Personnellement, je ne me rappelle plus du nom qu’on donnait à l’ustensile. Je crois qu’on demandait tout simplement 1 ou 2 litres de lait selon la capacité de notre pot. |
sylviane dit
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que de souvenirs ! ce pot à lait qui tournoie,nous aussi l’avons fait avec mes frères. et la crème de lait, maman nous en faisait des petits biscuits secs. elle écrémait le lait tous les jours et le dimanche pour le gouter nous avions de délicieux biscuits |
Marie-Claire dit
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J’adorais voir la mesure plonger dans le seau de lait et ressortir toute dégoulinante de blanc et puis le lait couler à flot dans le pot en aluminium. |
Eglantine dit
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Ma mère faisait elle même son fromage blanc en faisselle qu’elle déposait au pied de l’escalier de la cave. J’ai une fromagère mais j’ai jamais osé me lancer, persuadée qu’il fallait un lait entier sorti frais de la vache pour le faire. Une lectrice vient de le démentir et m’a envoyé la notice de cette fromagère. |
Faire du beurre : une vieille institutrice de Nouvelle-Calédonie m’a raconté ceci: |
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wonderlu dit
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Chouette! Je viens de trouver une fermière bien sympathique dans mon village et je vais chercher mon lait frais deux fois par semaine. Je me demandais comment récupérer la crème, maintenant je sais! Merci pour vos conseils et vos expériences. |
Nanou72ex38 dit
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Que de bons souvenirs me reviennent, j’allais chercher le lait le matin avec ma soeur, à 300 mètres. Mais nous n’avions pas un pot spécial, la fermière nous le mettait dans des casseroles, et si elle remplissait trop, la route de retour était tout le long parsemée de gouttes de lait ! Il y avait dans la famille deux clans : ceux qui détestaient voir surnager la crème/la peau sur leur café au lait et ceux qui adoraient la peau de lait. |
nima dit
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Dans les années 50 ma mère achetait le lait au détail chez le dépotayer (c’est normand). Elle faisait bouillir le lait et récupérait la crème qu’elle gardait jour après jour et à cette époque nous n’avions pas de frigo. Quand elle en avait suffisamment elle faisait ce fameux gâteau à la crème de lait qui cuisait dans le four du fourneau à charbon. En 58 nous avons déménagé, plus de dépotayer, de lait frais, ni de fourneau et elle n’a plus refait ce gâteau. J’étais bien petite à l’époque mais je m’en souviens très bien et je crois que je ne retrouverais jamais le goût de ce gâteau. |
Corinne Nord dit
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En vous lisant je viens de comprendre que c’est un privilege d’habiter le nord de la france et d’avoir un fermier qui passe à domicile une fois par semaine avec lait entier, beurre et oeufs et que je puisse me regaler avec cette creme de lait |
Ocharsa dit
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Tout comme vous j’ai connu le lait que j’allais chercher chez une lointaine cousine dans le village de mes grands-parents, puis une laitière en camionnette qui passait 2/3 fois par semaine. Ma grand-mère faisait bouillir le lait et souvent maman mangeait la crême. Elle aussi petite faisait tourner le bidon qu’elle prenait chez cette même cousisne. Puis plus de cousine, plus de laitière, plus de grands-parents et plus de vacances dans ce petit village. Mais j’ai plus de chance que vous tous, j’habite à Istanbul, près du Bosphore et j’ai encore un vrai petit paysan qui me livre du lait frais (encore chaud parce que juste tiré) et des oeufs pas calibrés, pas poinçonnés. J’écume consciencieusement la crême et à nous tartines, petits gâteaux et goûts de l’enfance. Maman est souvent là et mes 3 enfants raffolent de ce parfum si particulier. Je n’ai pas de petite tasse bleue : quand le lait bout chez nous, c’est par 5 litres ! |
Valerie dit
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J habite a la campagne et j arrive encore a avoir du lait cru que je fais bouillir avant de faire mes yaourts je recupere la creme de lait pour faire le meme gateau que ma grand mere |
Chantala46 dit
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Je me souviens des délicieuses tuiles à la crème de lait que faisait maman et qui embaumaient la cuisine ! Quels délices , l’eau m’en vient à la bouche !! Dans le sud-ouest nous avons la chance ( en particulier ds le Tarn et l’Aveyron ) d’avoir des distributeurs de lait cru de la traite du jour !! En particulier ds les villes ayant un lycée agricole !! Malheureusement la recette des tuiles à la crème de lait de maman est portée disparue !! Qui saura me la redonner ? |
Eglantine répond
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Voici la recette telle que maman les faisait : 1 blanc d’oeuf Je ne peux pas te donner plus de précision. A toi d’adapter…. avec la crème ordinaire, cette recette n’est pas aussi excellente…. Elle est faite pour la crème de lait bouillie. |
Lise Pas De Calais dit
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QUE DE SOUVENIRS,Ma maman qui était commerçante à Berck/mer, vendait du lait à la pinte, elle faisait des petites tuiles avec la crême de lait bouilli elle disait que c’était des bisous et lorsqu’il lui restait du lait invendu elle le mettait dans un linge blanc et faisait ce qu’elle appelait de la pate à suisse ses clients adoraient, je ne me souviens plus si, elle mettait de l’oeuf dans la recette des tuiles mais j’ai l’impression d’en retrouver le goût rien qu’en y pensant |
R4i Sdhc dit
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La fameuse madeleine de Proust ! |
Reine dit
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Lorsque j’étais petite ma grand-mère faisait des petits sablés avec le crème de lait. J’ai toujours le goût de ces petits gâteaux dans la bouche et pourtant cela fait plus de 50 ans. Quelle joie de retrouver les joies d’avant |
Dagro dit
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Je n’ai pas lu toutes les réponses. Mais j’ai barraté, toute mon enfance, la crème du lait frais. C’est la seule qui mérite ce nom. Le lait bouilli ne donne pas de crème. La peau qui se forme en refroidissant, apparait même dans un lait écrémé. Elle est constituée : |
Eglantine répond
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Merci pour toutes ces précisions….. si j’en suis votre raisonnement, la crème est dans le lait mais le faire chauffer permet de faire remonter la matière grasse que nous considérions comme de la crème. Comment obtient on alors la crème ? quel est le procédé pour la séparer du lait ? |
Fitzk2 dit
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Je prends du lait chaud à la ferme, je le fait bouillir environ 2 minutes, après refroidissement et passage au frigo, la crème se dépose à la surface. |
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Quel joli texte, Eglantine ! Et que de souvenirs dans tous les commentaires (bien plus que 3 !). Vous avez rappelé des moments d’enfance à bien des gens, dont moi. Aaah « les petits gâteaux à la crème de lait de madame Lejars » (une voisine) ! Comme ils étaient bons !
En revanche je me rappelle qu’il n’était pas nécessaire, pour avoir la crème, de faire bouillir le lait : elle « remontait » toute seule en haut du pichet, et on la mettait au fur et à mesure dans « la petite tasse » qu’on est nombreux à avoir en souvenir.
Ces petits gâteaux (biscuits), je les ai faits longtemps, jusqu’à mes années de fac (années 70) et puis avec le temps il a bien fallu se rendre à l’évidence : même en prenant du lait « rouge », ou même du lait supposément « fermier », rien ne s’accumulait en haut du pichet, ou alors si peu ! Remplacer par de la crème fraîche ne donnait pas du tout la même chose. Alors ces merveilles sont allées dans le tiroir mental aux souvenirs. Merci de les en avoir fait sortir avec votre texte, Eglantine. Bien cordialement, Emsi
Merci pour cette jolie contribution. Ma maman faisait toujours bouillir le lait, je pense que c’était pour éviter la prolifération de bactéries. Aussi, nous n’avons jamais testé la récupération de crème de lait bouilli sur lait froid. Mais, comme vous le dites si bien, que de beaux souvenirs.
Tout petit, je tirais les vaches à la main, et le lait était bouilli, la crème servant au petit déjeuner, avec la confiture maison, ou pour la cuisine. Je viens de trouver du lait, du vrai, car il n’y a plus de laitière chez-moi. Je vais vais répéter ces gestes d’entant, et retrouver les saveurs oubliées. Il y a alors 40 ans déjà…
Je me souviens des gâteaux à la peau de lait que l’on faisait quand le bol était plein, le bol servait de mesure pour les autres ingrédients, la farine et le sucre. On formait des petites boules aplaties avec au centre une demi cerise confite, un régal. Avec mes frères et soeurs nous allions visiter régulièrement la boite en fer blanc dans la quelle ils étaient conservés !
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