La Maladie de lyme, quel rapport avec la cuisine ! Et bien tout simplement le ramassage des champignons, la cueillette des baies sauvages, le jardinage…. si vous pratiquez une de ces activités, vous êtes forcément concernés… si vous avez des enfant, encore plus… Le cueilleur averti connaît bien souvent les risques d’un fruit mal lavé, de la pollution urbaine sur les plantes. Ce qu’il ignore trop souvent, c’est le risque encouru par un petit animal très commun appelé tique. Cet animal, ne squatte pas que votre animal favori, il peut aussi vous squatter. Et c’est là qu’il faut être vigilant car ces petites bêtes sont parfois porteuses d’une maladie nommée la maladie de Lyme transmissible à l’être humain.
Quand vous revenez d’une ballade, examinez vous de la tête aux pieds pour voir si vous n’êtes pas porteur de ce dégoûtant petit personnage. Attention, il est malin, il se cache dans vos plis et il commence très jeune, à l’état de lymphe. Il est alors quasiment invisible et tout autant dangereux.
La seule arme valable pour s’en débarrasser, c’est la pince à tique et uniquement cette pince.Au pire, et dans l’urgence, on peut utiliser une pince à épiler. On la coince entre les griffes, on la tourne afin qu’elle se détache proprement de votre corps car elle s’agrippe, cette suceuse de sang. Surtout pas d’ether, pas d’agression, elle éjecterait illico son venin risquant ainsi de vous contaminer.
La plupart du temps, la tique retirée, il n’y aura pas de conséquence car elles ne sont pas toutes porteuses de la borréliose. De plus si vous agissez tôt, vous risquez moins d’être contaminés car il lui faut 12 heures pour agir. mais n’oubliez jamais que vous avez été piqués par une tique car cette maladie est une maladie vicieuse et ce n’est que quelques jours à quelques mois voir quelques années plus tard qu’elle se déclare quand vous avez tout oublié. Et ça peut arriver à n’importe qui….. : jeunes, vieux, blonds, bruns noirs, petits ou grands….
Le signe le plus apparent de l’infection est l’érythème géant mais parfois il n’existe pas. Un test peut aider au diagnostic de cette maladie. Dans tous les cas, il vous faudra passer par un professionnel de la santé pour guérir. Vous n’échapperez pas aux antibiotiques. Il faudra peut-être insister pour être pris au sérieux !
Voici ma propre expérience et les difficultés que j’ai rencontré pour mon diagnostic car jusque récemment, cette maladie était assez mal là ou je vis, une région ou la tique n’est pas omniprésente.
1ère partie : l’infection
Un jour je vois sur ma jambe une rougeur qui a tendance à s’étaler et je ressens pas mal d’irritation. Je pense à une piqure d’araignée et n’y fait pas particulièrement attention. Un mois plus tard la rougeur a pris de l’ampleur et c’est maintenant un cercle rose palichon de 20 cm qui grandit de jour en jour : je découvre l’érythème migrant.
Je suis née dans l’Est et je connais la maladie de Lyme. Je suis informée des maladies que peuvent transmettre les tiques et du danger d’une rougeur. Je n’ai pas vu la tique mais je commençe à envisager cette maladie. Je sussure timidement cette hypothèse à l’oreille de mon médecin. Celle ci incrédule me dit catégoriquement que ce n’est ça. Elle me prescrit quand même, devant mon insistance, une semaine d’antibiotiques. (La prescription initiale d’antibiotiques dans la maladie de Lyme est obligatoirement de deux semaines).
15 jours plus tard, les rougeurs réapparaissaient mais c’est différent, elles font des tâches etl’ensemble de ces tâches sont réparties sur une surface circulaire. Je retourne la voir. Elle m’affirme haut et fort, avec beaucoup d’ironie, qu’il n’y a aucun rapport de cause à effet entre ma 1ère et 2e visite. Selon elle, je dois être allergique aux piqûres, et ces rougeurs se sont des coïncidences. Elle me prescrit quand même un antibiotique mais cet antibiotique n’a aucun effet connu sur la maladie de Lyme.
De nouveau, 15 jours s’écoulent et j’ai toujours cet érythème croissant qu’on appelle aussi érythème migrant. Il s’est reformé et dessine maintenant un cercle de 30 cm de diamètre. Je suis absolument convaincu que j’ai cette maladie mais pas mon interlocuteur santé.
Je profite d’un voyage chez mes parents dans l’Est, pour aller consulter un autre médecin. Là-bas, on connait bien les tiques et la maladie. Le diagnostic est rapide et sans appel : oui, ça ressemble fort à la maladie de Lyme. Il me prescrit immédiatement 15 nouveaux jours d’antibiothérapie et une ordonnance pour un sérodiagnostic. Les résultats de cet examen sont positifs, sans aucune ambiguïté possible. L’affaire aurait pu en rester là mais non….
2e partie : l’éradication
Lorsque la maladie n’est pas bien diagnostiquée, il existe un risque réel de développer des pathologies handicapantes : arthrite, douleurs divers, fatigue, problèmes oculaires ou nerveux… Soignée à son départ, l’éradication n’est qu’une petite formalité (ingurgitation d’antibiotiques) mais dans le temps, la bactérie borrelia s »incruste et ça peut devenir un combat.
3 mois pour que ma maladie soit finalement prise en charge et 15 jours consécutifs d’antibiothérapie. Je pensais être quitte. Mon médecin habituel, alertée maintenant de son erreur pense qu’un mois après cette aventure, il est plus prudent de faire une prise de sang pour contrôler mon état de santé : les anticorps sont en augmentation. Elle m’envoie donc chez un spécialiste des maladies infectieuses au CH de Tourcoing.
La spécialiste me dit que si la prise de sang indique bien la contamination par la bactérie, elle n’en indique pas l’activité et donc le stade de la maladie ce qui veut dire qu’une prise de sang de contrôle ne sert à rien ! Seuls les symptômes sont révélateurs de la maladie et justement des symptômes, j’en avais plein : troubles de la vision, brèves pertes de mémoire, anxiété incontrôlée, fatigue constante, douleurs dans tous les membres, sueurs nocturnes inexpliquées…. Quelque part, j’avais de la chance, car l’inexpérience de mon médecin traitant m’avait renvoyé vers une spécialiste.
Ce médecin me dit tout de go que j’avais été très mal traitée et qu’au départ, j’aurais du recevoir un dose beaucoup plus forte et longue d’antibiothérapie et que maintenant pour me guérir totalement, je devais ingurgiter pendant 4 semaines et sans m’arrêter 6 gr d’amoxilline par jour, que mon cas n’était pas désespérée, que je guérirai totalement mais que j’avais de la chance parce que lorsqu’on laisse pourrir la maladie surtout au delà de 5 ans, y’a des séquelles. Vous voyez un peu ce que ça donne comme traitement sur la photo et ce n’est que la moitié de ce que j’ai ingurgité !
Épilogue :
Aujourd’hui, en 2017, je suis totalement guérie. Amis promeneurs, si vous avez un jour un gros érythème rouge et migrant (qui s’étale de façon centrifuge), même si vous n’avez pas aperçu de tique, filez chez votre médecin et exigez votre antibiothérapie (15 j seulement au stade initial, celui de la première apparition de l’érythème, symptôme le plus connu et le plus visible de la maladie quand on a la chance de l’avoir). S’il ne vous croit pas, changez de médecin, au moins pour cette fois !
Les tiques provoquent des maladies sérieuses. Dans mon canton, le soir autour de la table, on raconte l’histoire de gens qui sont invalides à cause de cette maladie. Et si vous avez un chien, sachez que pour eux la tique peut-être mortelle car elle ne transmet pas seulement la maladie de Lyme mais aussi la pirosplamose, une maladie qui détruit les globules rouges du sang.
Un dernier petit conseil, ne croyez absolument pas tous les bonimenteurs qui vous racontent comment enlever une tique. Allez dans une pharmacie et achetez la petite pince même si ça coûte un peu d’argent. Les autres méthodes sont dangereuses notamment l’éther qui provoque la régurgitation de la tique et ainsi aggrave les risques de contamination (dixit le médecin des maladies infectieuses et toute autorité médicale sérieuse). Inspectez vous au retour d’une promenade. Plus vite vous détectez la tique, plus vite vous la retirez, plus vous êtes surs de ne pas devenir porteur de la maladie : il faut 12 heures minimum pour être infecté. Ne vous fiez pas à leur taille : les plus petites sont parfois les plus méchantes.
Enfin, mieux vaut la prévention : quand vous vous promenez en forêts ou dans les hautes herbes, surtout dans les zones à tiques, couvrez vous de la tête aux pieds (pantalon, manches longues, chaussures fermées), et puis si possible, utilisez un répulsif et bonne promenade !
Ci dessous quelques témoignages de lecteurs :
PS : je tiens à préciser que je n’ai aucune compétence médicale en matière de conseils si ce n’est ma propre expérience de patiente. Je recueille éventuellement des témoignages mais je ne soigne pas.
Emilie, le 30 avril 2007 : Merci de dénoncer la méthode de l’éther ! je hurle à chaque fois que quelqu’un dit qu’il l’utilise !!!! j’ai connu deux personnes atteintes par la maladie de lyme, et toutes les deux ne seront jamais guéries définitivement. C’est une maladie terrible, très handicapante, et pourtant très peu connue ! alors merci d’en parler !!! (pour ma chienne, j’ai toujours une pince à tique sur moi)
Autre Emilie, le 30 avril 2007 : Ton article est précieux. En Franche-Comté, nous la connaissons très bien cette maladie, nous mettons de T-shirts à manches longues et nous nous inspectons chaque fois que nous revenons de ballade. Je suis contente de lire que tu vas mieux, c’est une bonne nouvelle
Lisanka, le 30 avril 2007 : La maman de ma meilleure amie a failli en mourir il y a quelques années. Le médecin n’avait visiblement pas diagnostiqué la chose: il avait pensé à de la dépression ou à de l’anorexie. Elle est tombée dans le coma, je crois. Alors merci pour cet article. Je fais très attention depuis, surtout que je pratique la course à pied en forêt donc il y a des risques! Impressionnant le traitement que tu avais. C’est fou de voir qu’une si petite bête puisse faire autant de ravages!
Isabelle, le 21 mai 2007 : Mon fils de 3 1/2 a été piqué par une tique il y a un mois. Elle avait eu le temps de le mordre mais pas de se gorger de sang. Je pensais que tout irait bien. Le soir même medecin a prescrit des antibiotiques pendant une semaine « une semaine et le risque de contamination sera écarté! ». A sa demande j’ai aussi fait une prise de sang pour constater l’augmentation de la vitesse de sédimentation. Mon fils est devenu pâle et fatigué. Une auréole rose est apparue dans les trois jours de la piqure mais comme il prenait des antibio je pensais qu’il était hors de danger. La semaine dernière il a eu deux forts accès de fièvre. Autour de moi tout le monde m’a dit, « ne t’inquiète pas, cela n’arrive jamais ». Hier soir à nouveau l’auréole est apparue et c’était gonflé. J’ai appelé mon médecin qui me dit qu’il a été contaminé et que les premiers antibiotiques n’ayant pas suffi, il faut passer au traitement plus long et plus lourd… spécifique aux tiques. Je commence le traitement cet après midi. J’en veux aux médecins et j’en veux aux pharmaciens de ne rien savoir sur cette maladie. Personne ne sait rien, tout le monde en a « vaguement » entendu parler. Et je répète, cette tique n’était pas gorgée de sang. Nous faisions le coffre dans un jardin à la campagne, les enfants étaient dehors sous un arbre depuis 10 minutes, nous allions partir, il m’a dit « maman j’ai une petite bosse sur la tête »… C’était une tique. Nous avions aussi passé de l’éther sur sa peau après enlevé cette saleté… Cela n’arrive pas qu’aux autres.
Choukette, 23 novembre 2007 : Bonjour. Conseils : Consulter un médecin, en cas de piqure. Si une auréole rouge .apparait à 20 cm de la piqure, la maladie est sans doute en train de s’installer. Un an après, j’ai eu une sérologie positive , traitement : 20 jours d’antibiotiques. A prendre très au sérieux , si la bestiole est porteuse du germe, on a toutes les chances d’avoir des problèmes, dans un avenir proche, ou lointain. Régions les plus dangereuses façade Est de la France. Sortez couvert, manches etc…
Petitdm, 6 janvier 2008 : Très bon article. C’est la 2ème fois que je me ramasse la maladie de Lyme (analyse sanguine à l’appui et symptômes typiques) et à chaque fois je n’ai constaté aucune piqure ni erythème …. de ce fait les conséquences deviennent quelque peu grave: douleurs aticulaires, perturbations cardiaques, trouble du language etc…. En 2006 j’ai été traité par 15 jours d’antibiotiques par voie orale, cette fois en 12/2007 c’est 20 jours d’antibiotique par perfusion. A ce jour 05/2008, j’attends avec une certaine anxiété que les troubles cardiaques disparaissent. J’habite dans une vallée vosgienne.
Lilo, le 20 octobre 2006 : C’est très bien que tu parles de cette maladie, surtout à cette époque. Je l’ai contracté également. Il est important de préciser qu’elle modifie également le comportement du sujet, qui devient anxieux et dépressif sans raison apparente. J’ai découvert cette tache sur mon mollet, je suis allée au détermo et directement il m’a fait des analyses de sang, en pensant que c’était bien cela. J’étais vraiment triste depuis quelques semaines, aux bords des larmes et mon médecin m’a expliqué que cette maladie provoquait cela, entre autres. J’ai eu un traitement d’un mois car le virus était tenace. Et à chaque fois que je vais en forêt, je mets mon pull à laver et pareil pour les enfants… Vraiment bien ton billet !
Syl, le 30 juin 2007 : Vous avez de la chance, les filles d’avoir été dépistées au stade 1. Je suis arrivée au stade 3 sans diagnostic, et à moi les « trucs cardiaques » et autres horreurs neuros et arthritiques. J’ai survécu, invalide à 50%. A ce stade-là, ça ne guérit plus, qu’on se le dise. On reste à vie, dans le meilleur des cas, pseudo-stabilisé, à guetter une rechute
Michael76, 6 septembre 2007 : bonjour, je m’appelle Michael, bucheron depuis 10 ans (en contact permanent avec les tiques). En début d’année une grande fatigue s’installe ainsi que des maux de tête et en juillet mon médecin m’envoie faire une analyse. Le diagnostic tombe: c’est la maladie de lyme. A l’hopital on me dit qu’il faut faire d’autres analyses avant de pouvoir me donner un traitement. Un mois d’attente et au bout du compte, on m’annonce que la maladie est probablement finie (car le taux d’anticorps a baissé).Je suis donc ressorti sans traitement alors que ma fatigue est persistante et les maux de tête régulier.