J’ai longtemps confondu la glaise et la gaize : ces deux mots aux consonances si proches avaient pour moi la même signification. Enfant, une de mes principales distractions était de suivre ma cousine pour emmener les vaches aux champs. Il fallait alors longer un petit bois. Nous laissions le chemin aux vaches pendant que nous serpentions à travers la forêt à la recherche du moindre trésor : champignons, noisettes, faines de hêtre… Mais le plus beau des trésors, c’était à l’approche de la clairière, juste avant de franchir la dernière tranchée que nous le trouvions. Ça ne payait pas de mine, juste un endroit un peu marécageux, lourd et collant par temps maussade : c’était une terre rouge et malléable à nulle autre pareille. On en remplissait notre besace.
La terre était, certes, très impure mais revenus à la maison, on passait des heures à la modeler. Cendriers, figurines, notre imagination pouvait s’exprimer à l’infini mais le plus souvent ce sont des billes que nos mains façonnaient. Évidemment, quelques unes se fendillaient à la cuisson et étaient inutilisables, les autres étaient peintes avec de simples gouaches et nous assuraient des heures de jeux. C’est dans la rue alors pratiquement vierge de toute circulation que nous j
ouions mais parallèlement, nous avions construit une formidable piste : dans le hangar de mon cousin, les betteraves fraîchement récoltées laissaient une immense couche épaisse de poussière. Loin de toute règle d’hygiène rudimentaire, nous sculptions cette poussière comme on sculpte le sable afin de permettre à nos billes de rouler tout doucement à travers un dédale de rigoles.
Lorsque j’ai entendu pour la première fois le nom de ce petit bonbon « la gaize d’Argonne », je me suis aussitôt imaginée que tout le monde faisait des billes en Argonne. Je trouvais tout de même étrange la couleur qu’on leur donnait, les nôtres étaient bien plus colorées. Alors un jour, j’ai quand même fini par me documenter et découvrir que la gaize d’Argonne, c’est bien autre chose et que finalement, je l’avais sans doute côtoyée très souvent sans la connaître : la gaize est une pierre poreuse, grisâtre parfois verdâtre qui contient en quantité plus ou moins limitée de l’argile. Elle est parfois utilisée pour la construction de l’habitat traditionnel, si bien qu’aujourd’hui, je me demande même si la maison de mon enfance n’en contient pas. Je laisse toutefois le sujet à des personnes expérimentées car mes connaissances en géologie sont plus que limitées.
(Nota :Depuis ma mémoire a parcouru les chemins de mon enfance et je sais ou je peux la trouver. Aussi, lorsque j’aurais un peu de temps, j’irais faire quelques photos qui complèteront cet article.)
La glaise et la gaize ont toujours cohabité : pendant la grande guerre, grâce à la gaize, les soldats creuseront le sol et pourront s’abriter facilement dans un dédale de tranchées et de tunnel mais les jours de pluie, la glaise grasse, collante et glissante augmentera leur calvaire.
En Argonne, La glaise et la gaize ont donné naissance à deux produits régionaux : la poterie et les bonbons avec cette nuance peut-être que la glaise est une argile impure et que les potiers utilisent une argile d’excellente qualité. Pour la poterie ou la faïencerie, il faut se tourner du côté de Passavant ou subsiste l’un des derniers potiers de cette région…
Quant à la gaize, aujourd’hui je vous présente une recette inspirée de la confiserie dite « gaize d’Argonne » du nom de ses créateurs, elle en contient les principaux ingrédients. Toutefois la recette originale est protégée et appartient à un pâtissier ménéhildien. Je l’appellerai donc pour vous truffette d’Argonne. J’ai testé deux recettes différentes et franchement elles sont très proches si bien que je ne sais laquelle vous conseiller.
1ère recette trouvé dans mes cahiers sous le nom de « gaize d’Argonne »…
125 gr de chocolat blanc
50 gr de beurre
1 entremet pistache (remplacé par une très généreuse cuillère à café bien bombée de véritable pâte de pistaches façon P. Hermé)
1,5 cuillère à soupe d’alcool de mirabelles
sucre glace
Faire fondre le chocolat avec le beurre dans une casserole au bain marie. Ajouter les autres ingrédients et bien remuer. Mettre à refroidir. Former des boules qu’on passe dans du sucre glace.
2e recette inspirée de truffes au chocolat blanc
100 gr de chocolat blanc
30 gr de crème fraiche épaisse
20 gr de beurre (qu’il faudrait remplacer par du beurre de cacao)
1 très généreuse cuillère à café bien bombée de véritable pâte de pistaches façon P. Hermé)
1 cuillère à soupe d’alcool de mirabelles
sucre glace
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