Le gratte-cul plus communément appelé églantine est la fleur par excellence qui symbolise mon enfance. Dans nos campagnes y’avait pas énormément de fleurs cultivées, c’était surtout des fleurs sauvages : celles des arbres fruitiers au printemps, suivies par les primevères ou plus exactement le coucou (pour la distinguer des espèces commercialisées), la violette si odorante (dans mon jardin, elle ne sent rien), le pissenlit qui après sa floraison faisait une grosse boule de duvet sur laquelle nous prenions un malin plaisir à souffler, les coquelicots et les bleuets si jolis qui coloraient les champs de blés, les marguerites que l’on effeuillait en se disant : je t’aime, un peu, beaucoup, pas du tout, le bouton d’or qu’on se mettait sous le menton pour obtenir un reflet qui signifiait qu’on aimait bien le beurre.
Dans les jardins la mode était aux dahlias. Ma cousine se distinguait en plantant des capucines et des impatiences. Mais c’était tout, pensez donc, l’agriculteur avait assez à faire avec ses pommes de terre, ses betteraves, son blé, son maïs, son orge, ses bêtes… et j’en passe. Ils n’allaient quand même pas mettre des fleurs : Un jour des citadins sont venus s’installer dans mon petit village. Figurez vous que leur première marque de propriété fut de planter une haie. Ça fit très mauvais effet. Les mauvaises langues dirent que c’eut été plus intelligent de planter de la salade. Un jour, nos sympathiques voisins commencèrent à dire que les tracteurs faisaient trop de bruit. De ce jour leur intégration fut beaucoup plus difficile, à qui la faute ?…. Enfin quoi, un tracteur c’est qu’il fait beau, c’est qu’Untel va passer, c’est qu’on va couper l’herbe du pré, c’est qu’on va ramasser du bois, c’est qu’on va avoir des pommes de terre, c’est……
Revenons à l’églantine. Mi-juin, majuestueuse, on la voyait un peu partout. Elle faisait office de reine parmi toutes les autres avec ses longues grappes qui tombaient le long des chemins, ses nuances de couleurs entre le rose et le blanc, ses 5 pétales si délicates, son odeur si douce.
Rustres nous étions nés, rustres nous sommes restés. Il ne nous serait jamais venu à l’idée d’utiliser cette magnifique plante dans une préparation culinaire et pourtant si on avait su ! Non, la seule chose qui nous intéressait nous enfant, c’était la mort de la fleur parce qu’après, on savait qu’elle allait se couvrir de grosses perles rouges et ça, ça nous intéressait. Dans ces grosses perles se trouvaient une poudre magique appelée poil à gratter. Commençaient alors les longues courses pour essayer d’en coller un peu dans le pantalon ou la chemise de notre ennemi du moment (d’ou le nom de gratte-cul pour l’églantier).
Grâce à Tarzile qui nous parle de son églantine et dans laquelle je n’ai pas reconnu la mienne, j’ai appris beaucoup de choses sur cet arbuste. Je me suis documentée. Le nom latin de mon églantier c’est la Rosa Canina L.
C’est le plus commun des rosiers sauvages, les fleurs ont 5 pétales blanches ou roses, le fruit est le cynorrhodon. Il est très utilisé en cuisine un peu partout dans le monde mais pas dans le petit pays des irréductibles et insouciants Argonnais. Il se compose d’akènes très durs et velus (poil à gratter), enfermés dans une « urne » charnue, rouge vif à maturité.
Fleurs et cynorrhodon sont comestibles : confiture (fleurs et cynorrhodon), arome pour thé, vin, dessert (fleurs), sirop, gelée, tisane, soupe (cynorrhodon). Le cynorrhodon contient aussi de la provitamine A, de la vitamine B, P,K et E (cette dernière surtout dans les akènes). L’usage des cynorrhodons de nos roses de jardins est peu recommandable (hybridation, cultivars spéciaux), vaut mieux ceux de la belle églantine.
Dans un prochain article, la recette de la confiture de cynnorhodons. En attendant, vous pouvez voir la magnifique pizza d’automne en trompe-l’oeil qu’on peut réaliser afin de bluffer ses invités (clic). Un jour je vous parlerais aussi du tape-cul mais ça c’est une autre histoire……….
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